Le pain des compagnons

En propos liminaire, je remercie Laurent BOURCIER de m'avoir fait parvenir des extraits de son livre "le pain des compagnons".

Je ne me permettrai pas de traiter la partie compagnonnique en elle même, bien que ce mouvement culturel fraternel et professionnel ne me soit pas totalement inconnu. Mais je ne suis pas un spécialiste des plus éclairés du sujet (et je ne le souhaite pas l'être non plus).

D'une manière général, le pain des compagnons est un travail qui démontre plusieurs années méticuleuses recherche sourcée et qui se matérialise par des chapitres à la fois richement illustrés, et etayés par de nombreux extraits documentaires issus de fond publics et privé, ou encore de témoignages vivants.

J'ai pu lire quelques extraits de ce coffret de 2000 pages, enfin, juste 336 pages susceptibles de m'intéresser d'un point de vue particulièrement maçonnique.

Ce fut une très belle expérience de lecture, tant il s'agit d'une très belle illustration de la complexité des mouvements culturels fraternels tel que peuvent l'être les organisations maçonniques, compagnonniques, mutualistes, ou de bienfaisance.

C'est un ouvrage qui fait honneur à la postérité de ces vies d'artisans, entre sociabilité et labeur, entre apprentissage et perfectionnement d'un Métier, et ce devoir de Transmission au prochaines générations :

  • pour témoigner,

  • pour ne pas oublier,

  • pour inspirer,

  • pour susciter des vocations

  • ...

J'ai particulièrement apprécié les tranches de vie de ces hommes, parfois connus, parfois inconnus hors de leurs mouvements d'appartenance, tout au long de 2 siècles d'Histoire entre multiple Guerres et Mutations de Société.

Je ne peut que souhaiter à son auteur de prendre plaisir à voir figurer son travail dans les Bibliothèques publiques et privées.

un grand merci pour de publier ce pan de culture.

Thierry R. BACHMANN

2 Février 2020

Aperçu des contenus de différents chapitres de l'Opus

Le contenu des thèmes abordés sont listés de manière plus détaillée ci-dessous :

Les réceptions (33 pages)

Un article riche de détails sur les réceptions, mais sans réelle surprise, elles sont présentées comme souchées sur substrat religieux chrétien, sans référence commune avec les Franc-Maçonneries, et surtout bien plus violentes que des cérémonies maçonniques de Gentlemen, Aristocrates et Nobles.

Ces dernières sont finalement assez récentes, mi XIXème Siècle, avant de devenir des cérémonies plus calmes, via une inspiration maçonnique par l'intermédiaire principalement des divulgations maçonniques de l'époque, de double appartenance à la fois à un compagnonnage, et à une loge maçonnique.

Un point intéressant, et rarement mentionné dans les papiers universitaires, concerne l'interdiction au XVIIIème faite par le Grand Orient de France d'initier des compagnons s'ils ne sont Maîtres (comprendre "à son compte"), la Franc-Maçonnerie étant à l'origine opposé à initié ce type de catégorie d'hommes (je compléterai que d'après les différents Règlements Généraux du Grand Orient de France, ce dernier sera longtemps opposé à l'initiation d'homme ayant une profession salariée, et non libérale, voir commerçante).

Ce chapitre se concluant sur l'absence de Chef d'oeuvre (je rajouterai : comme d'autres compagnonnages d'ailleurs), avant d'apparaître comme un travail le plus commun - une fournée de pain - avant d'être plus élaboré.

Les Végétaux (34 pages)

Les références à des végétaux sont bien plus nombreuses dans les compagnonnages que dans les différents usages maçonniques. L'acacia, le blé, le myosotis, le laurier et l'olivier n'étant que des références parmi bien d'autres comme :

  • Religion

  • Mythologie

  • Franc-Maçonnerie

  • Carbonarisme

  • Républicanisme

  • Usages populaires

Le Blason (14 pages)

Ce chapitre traite de la légende de la provenance du couple Équerre/Compas, tantôt considéré par confusion comme un emprunt compagnonnique de la part des Franc-Maçonneries, mais aussi des acronymes ponctuées des 3 points en triangle.

Mais il traite aussi de leur disparition durant l'Occupation allemande par ordre du Maréchal Pétain, sauf si l’Équerre et Compas sont des outils utilisé par dans le métier concerné.

Le Devoir (27 pages)

Ce chapitre traite de la manière de se reconnaître entre Compagnons, et ses recherches d'origine probable avec la comparaison commune avec les "5 points parfait de la maîtrise" (je rajouterai : ou les 5 points du compagnonnage, ou encore les 5 grands points du Compagnon) en Franc-Maçonnerie.

Les recherches s'appuient sur les différentes origines, entre :

  • Usages religieux,

  • Usages de Compagnonnages Français,

  • Usages de Compagnies Municipales anglo-saxonnes, par les manuscrits anglais, irlandais et écossais

  • Usages de Compagnons imprimeurs - hors des Compagnonnages Français - et le plus ancien documenté

La Chaîne d'Alliance (32 pages)

Ce chapitre aborde les sources documentaires à la fois :

  • de la chaîne d'union maçonnique (je rajouterai : dont l'usage est devenue largement minoritaire hors Franc-Maçonneries continentales)

  • de la chaîne d'alliance compagnonnique

Mais aussi de similitudes ou d'emprunt soit folklorique, ou dans le scoutisme .

Sans réelle surprise, et riche de description des usages compagnonniques, cet usage est un emprunt issu des Franc-Maçonneries.

Franc-Maçonnerie (30 pages)

Ce chapitre reprend de manière plus approfondi des éléments abordés dans d'autres chapitres, mais plus détaillé, afin d'appuyer sur les confusions et légendes sur liens supposés entre Franc-Maçonneries et Compagnonnages Français.

Il y est abordé l'anti-compagnonnisme initial au sein des loges maçonniques (je rajouterai : en phase aussi avec l'esprit des Encyclopédistes de l'époque, opposés aux corporations et communauté de commerce), sujet rarement abordé dans d'autres documents universitaires sur le sujet :

  • Interdiction d'initiation maçonnique des Compagnons (hors chef d'entreprise) au Grand Orient de France en 1773

  • Loi Le Chapelier, franc-maçon du GODF

Mais aussi les différents symboles repris par les compagnonnages issu de la Culture Maçonnique :

  • Usage des 3 points en triangle ∴

  • Equerre & Compas

  • Colonnes J & B

  • A∴L∴G∴D∴G∴A∴D∴L∴U∴

Mais aussi le changement d'orientation maçonnique devenant un acteur de la pacification des compagnonnages, avec également les doubles appartenances entre les deux types de tradition devenues fréquentes, jusqu'à des relations fraternels entre loges maçonniques et cayennes.

Ce chapitre se conclut par la démaçonnisation des compagnonnages imposé par le Gouvernement de Vichy et les fondateurs de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir.

Les Compagnons Boulangers du Devoir de Liberté (36 pages)

Ce chapitre décrit comment les Boulangers prendra difficilement la forme d'un compagnonnage français, au sens reconnaissance.

Mais il aborde aussi les doubles appartenances avec des loges maçonniques au rite égyptien, qui influencera cette société :

  • Acronymes : J∴B∴, M∴B∴, F∴S∴B∴

  • Les 3 points en triangle ∴

  • Etoile Flamboyante et la lettre G

  • 3 Ordres : Affilié/Compagnon/Maître vs Apprenti/Compagnon/Maître

Les Révolutions (68 pages)

Ce chapitre aborde les luttes des communards franc-maçons, compagnons et carbonarii, parfois réunis sous une même bannière

La Seconde Guerre mondiale (62 pages)

Ce chapitre aborde les activités compagnonniques durant la 2nd Guerre Mondiale et l'occupation allemande jusquà la libération :

  • Maintien de l'activité des cayennes en soutien aux compagnons sur front, et pour éviter des disparitions de ces cayennes comme durant la Grande Guerre

  • La création de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir à but d'union des compagnonnages, leurs démaçonnisation et retour à une identité religieuse catholique

  • de l'origine des croyances encore actuelles que les Franc-Maçonneries a empruntées leurs symboles aux Compagnonnages Français

  • de l'anti-maçonnisme radical du Compagnon Jean Bernard, Fondateur de l'AOCDDTDF

  • de l'activité compagnonnique face à la loi anti-maçonnique en vigueur en France

  • de témoignages compagnonniques de la vie dans les camps de concentration